L’affaire Barral, Un curé délinquant au siècle des Lumières ?
Par Hubert Favre.
11 juin 1781. Jour de foire à Moûtiers. La ville est des plus animées. La foule est un mélange d’habitants de la capitale de la province de Tarentaise et de villageois venus des communautés voisines, ou plus lointaines, de la vallée de l’Isère et de la vallée des Dorons.
Parmi ces hommes et ces femmes, des plus modestes aux plus importants, aux plus apparents, un ecclésiastique, Pascal Barral, curé de la minuscule paroisse de la Saulce, accompagné de Barthélemie Barral sa nièce et servante. Comme tous, il est descendu pour ses affaires, fort nombreuses par ailleurs. Il attend notamment la sentence du juge maje de Tarentaise dans le procès qui l’oppose à Claude Favre, qui doit lui être favorable. Il doit aussi rencontrer, dans sa maison de la Grande-Rue, à Moûtiers donc, Jean Martin Mibord de Villargerel à qui il souhaite acheter des ardoises.
Mais, le cours paisible de la journée est troublé par un événement inattendu. Dans les premières heures de l’après-midi, Jean André Gay, un habitant de Moûtiers, affirme, à qui veut l’entendre, qu’il a vu Pascal Barral et sa nièce Barthélemie dans une position compromettante dans une pièce fermée à clef. « Le Rd Curé etoit couché, par terre etendu dessus sa nièce, (…) dans la posture dun homme qui connoit charnellement une femme, (…) sade niece (…) etoit decouverte du coté droit jusqu’au dessus des genoux ».