Des sillons à l’or blanc, la montagne au fil des hommes
Par Roger Loyet.
Une montagne, et des hommes acteurs de la plus grande mutation rurale de l’histoire.
Pour comprendre ces transformations qui ont bouleversé le monde rural, faisons un bref retour sur l’histoire pour trouver l’origine de nos paysans.
Après la dernière grande glaciation, une longue période de réchauffement (5500 à 3000 avant Jésus-Christ) permet à la végétation de s’installer partout. Elle couvre peu à peu le sol, et la forêt s’installe sur les versants, jusque dans les hauts sommets.
On pense que c’est vers 2500 avant notre ère que les hommes pénètrent dans les hautes vallées. Ils brûlent les forêts pour installer des pâturages et défrichent pour les premières cultures. En domestiquant les plantes et les animaux, ils créent l’agriculture et l’élevage. C’est ainsi que naissent les premiers paysans montagnards.
Mais la population augmente sans cesse ; les communautés, doivent trouver de nouvelles terres à travailler pour assurer leur subsistance et sont contraintes de monter toujours plus haut en direction des sommets. Commence alors un long travail de défrichage et d’essartage qui va se poursuivre au cours des millénaires jusqu’à l’aube du 20ème siècle. C’est dans ce labeur, mené sans répit au prix de la sueur et du sang que s’est formée l’identité paysanne, l’esprit montagnard, son appartenance à la terre et cette communion avec elle.
Le paysage se dessine alors avec une multitude de parcelles multicolores, prairies, champs ou pâturages pas plus grands que des mouchoirs de poche ; mais un lopin de terre est un espoir de vie.
En ce début du 20ème siècle on fauche partout jusque dans les moindres recoins, la forêt est maîtrisée et développe ses rubans au-dessus des villages en protection des avalanches, le paysage est en beauté, tiré à quatre épingles dirait-on !
Pourtant, la population montagnarde qui vit à 90% de son terroir ne parvient pas à nourrir tout son monde. Alors l’émigration saisonnière agit comme une soupape de délestage en apportant des avantages non négligeables : moins de bouches à nourrir et, en retour, quelques économies qui donnent un peu d’aisance aux familles.